Saison 2004-2005

DU 7 AU 15 MARS 2005 / CRÉATION DE TEXTE

 

 
Avec
Agoumi
Karim Ammour
Samia Heddadj

Décor-costumes
Eric Durringer

Assistant à la mise en scène
Lumière
Emmanuel Noblet
 
 
En coréalisation avec Le Colombier, la Cie La Lézarde présente
 
LES DÉPLACÉS
Écriture et mise en scène de Xavier Durringer
 
 

PROPOS / Xavier Durringer

L’idée de départ était de créer une petite forme de théâtre à 3 comédiens, le père, le fils et la fille.
Les déplacés est un long poème qui peut se fragmenter en plusieurs parties. C’est la rencontre entre la mémoire et le présent. C’est un parcours d’écriture, initié en 1999 par la Fondation de France dans le cadre de son programme Les Nouveaux commanditaires, où je suis allé à la rencontre de jeune de Terrasson, tous issus de l’immigration.
Je vais traviller en plusieurs tableaux, le fils sera plusieurs fils, la fille sera plusieurs filles comme des jeux de rôles, comme un grand kaléidoscope. Il y aura outre le poème, d’autres histoires comme “les petits poissons” et d’autres monologues qui viendront étoffer le poème comme de petites fenêtres en autant de petites histoires.
Les costumes seront évolutifs pour montrer que chacun, à l’intérieur de cette histoire, est unique et qu’il n’y a pas qu’une seule pensée mais des milliers de pensées différentes. Il ne faut pas tirer des règles : on ne peut pas dire les cités sont comme ça, les beurs sont comme ça etc …
Être Arabe ne veut pas dire forcément Musulman et Musulman ne veut pas dire Islamiste. Un Marocain n’est pas forcément Arabe, mais Chleu, Gnawa, Berbère. Le voile n’est pas le foulard etc, etc … Et je m’arrêterai là car la liste est longue.
Alors qu’aujourd’hui, au travers des médias et dans le jeu politique, tout travaille à brouiller les cartes, que nous confondons tout et que les termes s’embrouillent, ce petit texte est là pour tenter de redonner vie à un passé, une mémoire, au souffle poétique.
Un arbre à qui l’on a coupé les racines ne peut pas donner de fruits.

EXTRAIT

LA FILLE
Ce soir là je ne sais pas ce qui m’a pris
Mais j’ai pleuré devant la télévision.
J’ai pleuré comme je n’avais jamais pleuré.
J’ai vu mon père pleurer, mes frères pleurer,
Tout le monde pleurait.
Tout le monde hurlait dans la maison.
Tout le mnde hurlait chez les voisins.
Tout le monde criait dans les escaliers.
Tout le monde s’embrassait.
On a pris la voiture et on a sorti les drapeaux.
Le drapeau algérien et le drapeau français.
Et on a chanté toute la nuit.
Et j’ai senti monter en moi une chaleur
Que je n’avais jamais ressentie.
Que c’était possible.
Que le bonheur ce soir là était possible.
Un flic sifflait et dansait la samba.
Les racailles de ma cité dansaient avec mes frères.
Les français nous embrassaient et nous tendaient des bouteilles de chmpagne.
J’étais debout sur le capot de la voiture
Et je faisais claquer les drapeaux.
On aurait dit Marianne sur les barricades.
J’ai cru ce soir là être libérée de tout.
De ce poid là dans mon ventre.
J’ai cru que c’était possible.
Qu’on avait d’un coup détruit toutes les barrières,
Sociales, politiques, religieuses.
Mais ce n’était qu’un match de football.
Un simple match.
Qu’un simple match de football.

 

Production compagnie la Lézarde
Coproduction centre culturel de Terrasson
Soutien la Fondation de France, Le Colombier (Bagnolet)
La compagnie la Lézarde est subventionnée par le ministère de la culture – DRAC du Limousin