Saison 2006/2007

LES 2 ET 3 DÉCEMBRE 2006 / AVEC LE CONSEIL DÉPARTEMENTAL DU 93

 

© Franck Beloncle

 
 
 
Mise en scène
Arnaud Meunier

Scénographie
Camille Duchemin

Son
Benjamin Jaussaud

Lumière
Romuald Lesné

Production
Cie de la Mauvaise Graine
AVEC LES ARMES DE LA POÉSIE
 

Garder espoir et colère/ ARNAUD MEUNIER

Depuis une quinzaine d’années maintenant, nous sentons tous confusément que nous sommes à une charnière de l’Histoire où tout peut basculer. Individualisme et communautarisme gagnent chaque jour un peu plus de terrain en " ringardisant " ceux qui s’efforcent encore de croire et de défendre l’idée d’un projet de société basé sur l’égalité et la solidarité. Le fait religieux remplace peu à peu l’idéologie ; l’ " ère gestionnaire " détrône celle de la pensée et de l’utopie ; et ma génération (les trentenaires) semble déboussolée, confuse, sans alternative réelle à proposer… Comment dès lors ne pas se résigner et continuer à inventer ce que seront nos sociétés demain ? Comment se débarrasser du " à quoi bon ? ", de l’apathie ambiante et du rejet en masse de toute forme de militantisme politique ou syndical ?
Trois poètes, trois voix du XXéme siècle me guident et m’accompagnent pour garder foi et colère. Trois hommes persécutés par leurs contemporains qui n’ont pourtant jamais cessé de croire dans l’être humain ; qui ont su conjuguer lucidité politique et espoir, douleur et courage. Ce sont trois vents d’Europe qui soufflent aussi à travers ces trois langues irradiantes de beauté ; trois chants sur l’humanité ; trois appels pour nous retrouver et dépasser nos peurs, nos haines, nos inerties.
En réunissant dans un même lieu Nâzim Hikmet, le turc, Pier Paolo Pasolini, l’italien, et Yannis Ritsos, le grec, nous cherchons nos armes pour être ces " compagnons qui luttent et chantent encore ". Une recherche résolument contemporaine.

VICTOIRE De Pier Paolo Pasolini (1922-1975)

 
Avec Philippe Durand

Déboussolé par l’échec d’une conciliation entre ses valeurs chrétiennes et marxistes ; profondément marqué par la répression de 1956 en Hongrie puis par la fin du pontificat de Jean XXIII ; Pasolini est en proie à un certain désarroi idéologique et cherche un sens à son engagement. Quarante ans plus tard, la force sidérante de ce long poème résonne de manière presque intacte et nous invite à réfléchir sur cette " vacuité de la pensée " qui semble tant marquer notre début de XXIème siècle.
Lorsque le monde apprit la nouvelle de son assassinat, à l'aube du 2 novembre 1975, le nom de Pasolini était attaché à une œuvre cinématographique exceptionnelle par ses choix esthétiques, mais aussi par ses sujets, où la violence avait fini par dominer.
"Poète civil" disait de lui Alberto Moravia : il faut entendre, par cette définition [...], l'idée d'un écrivain conscient de sa responsabilité politique à travers l'art.

IL NEIGE DANS LA NUIT de Nâzim Hikmet (1902-1963)

 
Avec Stéphane Brouleaux, Nathalie Matter et Eddy Pallaro

Entre le communiste de 1925 et le communiste de 1961, d’arrestation en contumace, de condamnation en amnistie, Nâzim Hikmet aura totalisé cinquante-six ans de prison. “Être aux côtés des misérables, des paysans d’Anatolie, c’était simple, disait Nâzim. Être communiste, ce ne l’était pas tellement.”
C’est bien un parcours d’engagement et de combats qui caractérise la poésie de Nâzim Kikmet. Pétrie de souffrances et d’oppressions, elle transcende pourtant toujours la douleur et l’apitoiement pour traquer l’humain et la vie dans ses moindres recoins. Elle célèbre une envie de justice et de fraternité comme rarement un poète l’a fait.
Nâzim était un juste. Cela ne veut pas dire un “sage”, si la sagesse c’est de rester trop tranquille. Nâzim était un juste, mais de l’espèce des justes combattants, ceux qu’il appelait les “maîtres des chants”.

 

Co-production : Maison de la Culture d’Amiens.

LE RETOUR D'IPHIGÉNIE de Yannis Ritsos (1909-1990)

 
Avec Anne-Catherine Chagrot et Florian Goetz
Marionnettes Bérangère Vantusso

Peu de poètes ont été autant traduits que Yannis Ritsos à travers le monde. Peu de poètes ont comme lui connu pareille célébrité de leur vivant. Mais il n’eut de cesse de dénoncer ce malentendu de la gloire dont il sait que dépend l’avenir de son œuvre. “S’ils me lisaient vraiment”, disait Yannis Ritsos, “ce ne sont pas des fleurs, mais des pierres qu’ils me lanceraient”.
Yannis Ritsos entendait faire de la poésie une “entreprise tenace et méthodique de désaliénation”. Rien d’étonnant dès lors à ce que Ritsos n’ait jamais quitté son pays malgré la dictature et la guerre, ni qu’il se soit montré solidaire des partisans, hommes et femmes qui, dans les banlieues et les montagnes, ont gardé la Grèce libre sous les différentes occupations. Ce fils d’une grande famille ruinée par la tuberculose et la folie devait s’élever à leurs côtés contre l’injustice séculaire, convaincu qu’il ne peut y avoir de liberté individuelle dans une société prisonnière, ni de bonheur personnel au milieu du malheur des peuples.
Yannis Ritsos considère que lutter contre le chômage, l’ignorance ou la faim, revient à lutter au quotidien contre la mort, tout en affirmant la primauté de la Vie.

 

Co-production : Maison de la Culture d’Amiens et La Comédie de Reims (CDN)..