© Arthur Tress

 
IL N'Y A PAS DE THÉÂTRE "POPULAIRE",
SANS DIVERSITÉ CULTURELLE ET REPRÉSENTATIVE DES MINORITÉS

En mai 2000, la compagnie Langajà Groupement inaugure Le Colombier. Cet espace est destiné à une mise en mouvement des potentiels de l'écriture, et des pratiques liées au théâtre et à la danse. Depuis son ouverture, Le Colombier a soutenu et accueilli 189 créations en lien avec plus de 160 auteurs. Sa programmation met en parallèle différentes écritures scéniques, théâtrales et chorégraphiques, en favorisant l'implication de ces démarches dans des partenariats et réseaux départementaux, régionaux et internationaux, en convention avec le Conseil Général de la Seine-Saint-Denis, la municipalité de Bagnolet et le Conseil Régional d'Île-de-France.

Le projet de notre compagnie est d'associer à notre travail artistique un espace de rencontres et de témoigner du travail parallèle de plusieurs équipes sur le processus du langage contemporain. Des points de vue d'auteurs ou démarches artistiques qui parce qu'ils diffèrent, participent ensemble à identifier les nouveaux fondements d'une contre-culture. En ces moments d'urgence pour le spectacle vivant, chercher à la racine des expériences une reconnaissance entre artiste et public, où résiste une nécessité.

Vers la force d'émulation entre les écritures, les projets et le potentiel de collaboration entre les équipes ; nous nous engageons pour une nouvelle saison qui réunira chorégraphes, metteurs en scène, et auteurs. Les compagnies, dont nous faisons partie, sont simplement à la recherche de mouvements synchronisés avec leur public. Car chaque artiste crée son public. Ceux-ci s'ajoutent à d'autres déjà existants, et constituent les nouveaux publics des lieux indépendants, puis institutionnels. Nous n'avons donc pas à répondre à une demande consumériste de spectateurs imaginaires, mais affirmer que les compagnies, en fonction de leur direction artistique, agissent de front avec les publics et les rassemblent. Rassemblement qui vise, entre autre, à pousser la curiosité de l'état et la confiance de la profession ; vers des lignes de créations plus risquées et inattendues. Afin de donner un paysage, un spectre plus complet des réalités culturelles.

C'est toute la politique de mise en lien et d'identification. Opposée à l'inertie, et à l'interventionnisme… C'est dans ce déséquilibre de la tentative à maintenir une recherche non consensuelle et correspondante aux réalités, que se produit la vie et l'intensité de la culture. Trouver cette place juste où mettre en mouvement la fabrication du théâtre, en acceptant de jouer avec les forces étranges, dérangeantes des nouvelles écritures.

Le théâtre comme espace démocratique en permanente révolution contre lui-même. Essayer d'y comprendre et d'y restituer notre perception d'un monde qui change. Cette poétique en synchronisation avec l'actualité est, et restera, notre boussole. Nous espérons que cette boussole sera encore celle du public qui, au Colombier, assiste et soutient les faits de la jeune création plus que le ministère. Et a rendu possible depuis dix ans, par sa participation humaine et financière, l'avenir de plusieurs projets...

Gilles Sampieri