Saison 2008/2009

DU 18 AU 23 NOVEMBRE 2008/ Résidence autour de Samuel Beckett

La Cie À Point Nommé en résidence au Colombier
 
 

© Lutfi Özkök

 
Avec
Claire Aveline
Valérie Blanchon
Christian Montout

Mise en scène
Marek Kedzierski

Collaboration artistique et lumière
Cyril Desclés

Musique
Martin Niestroj

Scénographie
Ewa Bathelier

Participation
Antoine de La Morinerie
 
 

Samedi 22 novembre
Parcours public

Projection "film" de Samuel Beckett
Rencontre avec Barbara Bray
Lecture de 3 textes de S.Beckett
Exposition de 3 photos inédites
Voir détail du programme plus bas
 
En coréalisation avec Le Colombier, La Cie À Point Nommé présente
 
QUELQUES MOTS SUR LE SILENCE
Conception Claire Aveline et Marek Kedzierski
Composé de Pas moi, Comédie et L'Innommable de Samuel Beckett
L'œuvre française de Samuel Beckett est publiée aux Editions de Minuit
 
 

Théâtre assurément exigeant, éprouvant, et pour les interprètes, et pour le public, les sensations que provoque cette écriture sont à partager infiniment :
En face
Le pire
Jusqu'à ce
Qu'il fasse rire.

Samuel Beckett, Mirlitonnades

 

Comment parler du silence, lorsque le silence se trouve dans les mots, sous les mots, telle pourrait être la question qui anime toute l'écriture de Samuel Beckett depuis ses débuts et que l'on retrouve à travers ses variations les plus singulières. Le spectacle prend délibérément le parti d'explorer à rebours la quête beckettienne de dire je exprimée dans son roman L'Innommable en 1953.
La Bouche de Pas moi (1973) en est réduite à ressasser les quelques bribes de phrases qui lui restent, proférées comme autant de fragments de mémoire, afin d'exprimer toute la densité d'une existence humaine dans ce « concentrisme ».
Les trois protagonistes de Comédie (1963) ne sont guère mieux lotis, eux qui, dans leur anonymat, enserrés dans des jarres, semblent condamnés à répéter sans fin, devant l'œil implacable d'un projecteur inquisiteur, la même histoire circulaire de l'enfermement, celle du pseudo-drame bourgeois composé de l'éternel trio : le mari, la femme et la maîtresse.
Alors, il faudra revenir à la source, au texte romanesque fondateur, L'Innommable, qui, dans sa logorrhée à la limite de l'essoufflement, finit pourtant par déclarer : « Il faut continuer, je ne peux pas continuer, je vais continuer. »

Cette traversée se veut donc un mouvement d'ouverture qui, à travers la frappe physique sur les mots, laisse résonner, non pas un sens, mais du sens, auprès du public en laissant planer l'humour infini de Beckett, lui qui, à la fin de sa vie, répondait à un de ses admirateurs lui déclarant lire ses œuvres depuis plus de quarante ans : « Comme vous devez être fatigué ! »

 

L'ORIGINE / Par Claire Aveline

J'ai rencontré Marek Kedzierski en 1997 alors que je jouais Sturm ein europäischer Shakespeare une très libre adaptation de La Tempête qui réunissait douze comédiens de neuf nationalités différentes. Pour le spectacle nous avions mis au point un « langage européen » à partir de nos langues maternelles respectives auxquelles s'ajoutaient les langues des autres protagonistes. Marek Kedzierski avait exprimé un très vif intérêt pour ce travail sur les langues et la diversité des pratiques et des cultures théâtrales ; de plus nous nous sommes très vite trouvé une passion commune : Samuel Beckett. Marek avait alors évoqué la possibilité que nous montions Pas moi ensemble.
Après plusieurs rendez-vous manqués, nous avons réalisé ce projet. Pas moi a été créé au Schauspielhaus de Zurich en avril 2006, puis présenté au Théâtre Laznia Nowa à Cracovie dans le cadre des manifestations organisées autour du centenaire de la naissance de Samuel Beckett.
Quelques mots sur le silence…, titre que nous avons choisi pour ce projet, sera le prolongement en France et à l'étranger de ces échanges européens.

Samuel Beckett a jalonné mon parcours théâtral, comme un fidèle compagnon de route, il me sert tour à tour de référence, de régénérateur et de point de repère. J'aime revisiter périodiquement son œuvre, qui contrairement aux idées reçues, me semble lumineuse et férocement humoristique dans l'évocation de la condition humaine. C'est une matière précieuse pour travailler la musicalité, l'écoute, la présence et un équilibre très subtil entre la pensée, l'émotion, le physique et l'organique.

 

À propos / Par Barbara Bray

Quelques mots sur le silence… est un spectacle en trois parties (…). Pour les spectateurs qui ne connaissent pas l'œuvre de Beckett aussi bien que pour ceux qui en sont familiers, cette juxtaposition ingénieuse de passages clés de trois de ces œuvres majeures, (...) apporte une lumière incroyablement révélatrice sur l'ensemble de l'œuvre de l'auteur, avec toutes ses supposées difficultés et contradictions.

L'histoire proprement dite (de Comédie) est en apparence l'histoire la plus banale qu'on puisse imaginer : un triangle (le mari, la femme et la maîtresse) qui tourne mal. Et la situation de base est non seulement abominablement conventionnelle et commune, mais Beckett fait tout son possible pour la rendre ridicule dans le détail. Les trois personnages sont ordinaires, médiocres, lamentables : en un mot, douloureusement familiers. L'homme, qui s'essouffle à courir d'une femme à l'autre est peut-être le pire des trois, car il n'est que besoin, faiblesse et pitoyable fourberie, si aimable soit-elle. Beckett transforme ces données, volontairement banales et telles quelles méprisables en une expérience étonnante, tout à la fois drôle et émouvante. L'ironie la plus complexe et la plus subtile émerge de ce triple contrepoint. De toutes les œuvres que Beckett a pu écrire à ce jour, c'est celle qui touche au plus près à l'expérience quotidienne de tout public, tout en étant celle qui fait le moins de concessions.

 

Production À Point Nommé
Soutiens la DRAC Alsace
Résidences Théâtre de la Coupole à Saint-Louis (Alsace), Le Colombier (Bagnolet)
Remerciement compagnie Le Chat Borgne Théâtre, le Théâtre National de Strasbourg, l’Atelier de la Main d’Or.

 

PARCOURS PUBLIC / ACTIONS MENÉES DANS LE CADRE DE LA RÉSIDENCE

PROJECTION

«FILM» de Samuel Beckett / avec Buster Keaton
Film en noir et blanc, muet, dernier rôle de Buster Keaton.
Tourné à New-York en 1964.
Copie originale en 16 mm. (Courtesy of Barney Rosset producer)


Extrait du synopsis
Aperçu général
Esse est percipi
Perçu de soi subsiste l'être soustrait à toute perception étrangère, animale, humaine, divine.
La recherche du non-être par suppression de toute perception étrangère achoppe sur l'insupprimable perception de soi.
Proposition naïvement retenue pour ses seules possibilités formelles et dramatiques.
Pour pouvoir figurer cette situation le protagoniste se scinde en deux, objet(O) et œil(OE), le premier en fuite, le second à sa poursuite.
Il apparaîtra seulement à la fin du film que l'œil poursuivant est celui, non pas d'un quelconque tiers, mais du soi.

RENCONTRE - DÉBAT

En présence de Barbara Bray

Barbara Bray a accompagné Samuel Beckett tant dans sa vie que dans sa création pendant 30 ans. Elle a travaillé pour la BBC et a inspiré, et contribué à produire, les premières œuvres radiophoniques de Samuel Beckett et Harold Pinter. Elle est traductrice en anglais de Marguerite Duras, Michel Tournier, Arthur Adamov, Alain Robbe-Grillet, Marcel Pagnol, Jean Genet...

LECTURES

WATT (extraits)
Écrit dans les années 40 et paru en 1968
Avec Christian Montout

L'IMAGE
Écrit en 1959 et paru en 1988
Avec Antoine de La Morinerie

ASSEZ (in Têtes-Mortes)
Écrit en 1966 Avec Claire Aveline

EXPOSITION

Portraits célèbres et photos inédites de Samuel Beckett